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    Agatha Christie Portrait En 1926, Agatha Christie se retrouva au coeur d'une étrange affaire, qui semblait tout droit sortie d'un de ses romans, mais qu'aucun Hercule Poirot, aucune miss Marple n'ont jamais élucidée.

    La romancière avait alors 36 ans, et tout semblait lui réussir.
    Écrivain déjà renommé, mariée à un héros de la Grande guerre, le colonel Archibald Christie, elle vivait dans une splendide maison de campagne, qu'elle a elle-même décrite comme « une sorte de suite pour millionnaires du Savoy, transplantée en pleine campagne ».

    Agatha Miller à Paris en 1906

    La reine du crime

    Celle que l'on a surnommé la reine du crime était née Agatha Clarissa Miller en 1890. À l'âge de 24 ans, elle avait épousé Archibald Christie, un aviateur du Royal Flying Corps, qui devait se couvrir de gloire pendant la Grande guerre, tandis qu'Agatha travaillait comme infirmière dans un hôpital.
    Peu après la fin de la guerre, il mit au monde son unique enfant, Rosalind.

    Un an plus tard, elle publiait son premier roman, " la mystérieuse affaire de Styles".
    En 1926, douillettement installés dans leur demeure du Berkshire, les Christie semblaient un ménage heureux. En fait, la crise qui couvait depuis longtemps entre les époux était sur le point d'éclater.


    Agatha Christie Photo

    Une femme disparaît

    A cette époque, Agatha Christie avait déjà publié plusieurs romans policiers. Son dernier opus, "Le meurtre de Roger Ackroyd", avait connu un grand succès, mais également suscité de vives polémiques.
    Dans ce roman écrit à la première personne, le narrateur dissimule au lecteur quelques informations essentielles, et tout d'abord le fait que c'est lui l'assassin !

    Si le « narrateur non fiable » est un procédé littéraire classique, il scandalisa ceux qui aiment déduire avant Hercule Poirot l'identité du coupable.
    Les critiques, eux, adorèrent. Quoi que déjà connue, Agatha Christie n'était pas encore célèbre ; la plupart de ces livres ne s'étaient vendus qu'à quelques milliers d'exemplaires.
    C'est alors qu'au soir du 3 décembre 1926, elle quitta le domicile conjugal et disparut. Du jour au lendemain, le pays tout entier se passionna pour son sort.

    La voiture abandonnée

    À 11 heures le lendemain matin, le superintendant de la police de Surrey fut informé d'un accident de voiture à Newlands Corner, à la sortie de Guildford. La Morris de Mrs. Christie venait d'être retrouvée dans un fossé, le capot enfoncé dans les buissons. Il n'y avait aucune trace de la conductrice, mais celle-ci ne devait pas être allée bien loin, car son manteau de fourrure était resté dans la voiture.
    En milieu d'après-midi, une meute de journalistes se pressait devant les domiciles des Christie. Dès le début, la police envisage l'hypothèse du suicide ; une théorie réfutée par son mari, qui soulignait non sans raison que la plupart des gens se suicident chez eux, et non pas en sortant en voiture au beau milieu de la nuit. Néanmoins, la police ratisse à la campagne autour de Newlands Corner ; des plongeurs allèrent sonder le Silent Pool, un lac situé dans les environs.

    Voiture Morris d'Agatha Christie retrouvé après l'accident.


    Agatha Christie et Archibald en 1919

    Chagrins secrets

    Ce que tout le monde ignorait, c'est que rien n'allait plus au sein du couple. Archie était tombé amoureux d'une femme de 10 ans plus jeune qu'Agatha, Nancy Neele.

    Il avait même annoncé à sa femme son intention de divorcer. Autre coup du destin, Agatha venait de perdre sa mère. Elle ne dormait plus, s'alimentait n'importe comment, déplacait sans cesse ses meubles et objets dans sa maison.
    Elle semblait manifestement perturbée, au bord de la dépression nerveuse.



    Les recherches

    Les deux aux trois jours suivants n'apportèrent aucun indice nouveau. L'annonce qu'on avait retrouvée des vêtements de femme et un flacon étiqueté « opium » dans une cabane isolée déclencha la ruée des journalistes, mais ce n'était qu'une fausse alerte : l'opium se révéla être du bicarbonate.

    Des journaux insinuèrent Archibald Christie avaient tout à gagner à la mort de son épouse, mais son alibi était à toute épreuve : il participait à une partie de campagne dans le Surrey.
    D'autres journalistes subodorèrent « un coup de pub ». L'un des proches d'Agatha, Peter Ritchie-Calder, pensait qu'elle avait disparu pour faire éclater au grand jour la liaison de son mari avec Nancy Neele.

    Il se mit à éplucher ses romans pour essayer de deviner ce qu'elle allait faire ensuite. Le "Daily Mirror" offrit une récompense à quiconque retrouverait Mrs.Christie. En vain.

    Agatha Christie en une du Daily Mirror

    Le mystère s'épaissit

    Le mystère s'épaissit encore un peu plus lorsque le beau-frère d'Agatha révéla qu'il avait reçu une lettre d'elle. D'après le cachet de la poste, elle avait été postée à Londres à 9:45, le lendemain du jour de sa disparition, autrement dit à une heure où elle était censée errer quelque part dans les bois du Surrey.

    Le dimanche suivant, dans une interview au "Daily Mirror", Archibald reconnu que son épouse avait « évoqué la possibilité de disparaître à son gré.

    Quelque temps auparavant elle avait dit à sa soeur : je pourrais disparaître si je le voulais, en m'organisant bien… ».
    Peut-être, après tout, s'agissait-il d'autre chose que d'un suicide ou d'un coup monté par le mari…


    Le Swan Hydropathic Hotel, aujourd'hui rebaptisé Old Swan Hotel

    Retrouvée !

    Le 14 décembre, 11 jours après la disparition, le maître d'hôtel du Swan Hydropathic Hotel de Harrogate, dans le North Yorshire, reconnu parmi ses clientes la romancière dont tous les journaux publiaient la photo.
    Prévenus par la police, le colonel Christie sauta dans le premier train pour Harrogate.

    À son arrivée, on lui apprit que sa femme était là depuis 10 jours, qu'elle avait pris une belle chambre au premier étage, et qu'elle semblait normale et heureuse. Elle chantait, danser, jouer au billard, lisez les journaux qui parlaient de sa disparition, bavarder avec les autres clients de l'hôtel, faisait des promenades.


    Agatha était en train de lire un article la concernant lorsque son mari s'approcha d'elle. « On aurait dit qu'il était pour elle une vague connaissance, dont elle ne savait pas exactement qui il était », raconta le directeur de l'hôtel. « Elle souffre d'une perte complète de mémoire, déclara Archibald à la presse, et je crois qu'elle ne sait pas qui elle est. »
    Les médecins confirmèrent par la suite qu'elle souffrait d'amnésie. Mais pour Ritchie-Calder, son comportement ne ressemblait guère à celui d'une amnésique : le jour de sa disparition, elle portait une robe de laine verte, une veste grise et un chapeau de velours, et elle n'avait que quelques livres sterling dans son sac. Lorsqu'on la retrouva, elle était élégamment vêtue et elle avait 300 livres sur elle. Elle s'était inscrite sous le nom de Teresa Neele, et elle racontait qu'elle venait d'Afrique du Sud.

    Agatha Christie

    Agatha Christie en 1950

    Retombées

    L'affaire laissa des traces, certaines déplaisantes, d'autres beaucoup moins. La presse monta en épingle le coût présumé de l'enquête ; 3000 livres selon elle.

    Qui allait les payer ? Les contribuables du Surrey rendirent Agatha responsable de la forte augmentation des impôts qu'ils subirent cette année-là.

    Son nouveau roman, "Les Quatre", fut accueilli fraîchement par la critique, mais ne s'en vendit pas moins à 9000 exemplaires, deux fois plus que "Le meurtre de Roger Ackroyd".
    Et dès lors, les ventes de ces ouvrages n'allaient cessé d'augmenter.
    Dans les années 1950, des tirages de ses livres excédaient les 50 000 exemplaires ; son ultime roman avec "Miss Marple", "La Dernière Enigme" (1976), fut tiré d'emblée à 60 000 exemplaires.

    Max Mallowan, mari d'Agatha Christie

    Les voies de la célébrité

    Les Christie divorcèrent en 1927, Archibald se remaria avec Nancy Neele, Agatha épousa le professeur sir Max Maalowan en 1930.
    Jusqu'à la fin de ses jours, elle refusera de parler de sa disparition, elle accordera des interviews qu'à la condition que le sujet ne soit pas abordé.
    Sa biographe, Janet Morgan, accepte la thèse d'une dépression nerveuse suivie d'une amnésie. On a pourtant quelques peines à la croire : d'où venait l'argent qu'elle avait à Harrogate ?

    Pourquoi s'est-elle inscrite sous le nom de la maîtresse de son mari ? Une personne souffrante d'une amnésie aussi grave peut-elle avoir un comportement en apparence normal, lire les articles concernant sa propre disparition, regarder ses propres photos, sans s'interroger sur son identité ?

    Ritchie-Calder, qui l'a bien connue, reste convaincu que « sa disparition avait été soigneusement organisée, comme les intrigues de ses romans policiers ». Un téléfilm produit après sa mort a fait de sa disparition un élément d'un complot visant à assassiner Nancy Neele.

    Une chose reste certaine, l'affaire de la romancière disparue a largement contribué à faire d'Agatha Christie l'auteur anglais le plus lu au monde après  Shakespeare.                                              PARANORMAL-INFO                                 http://www.paranormal-info.fr/affaire-agatha-christie.html

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